Sifflements, souffles, onomatopées, ronronnements : ces événements sonores, aussi ténus ou hasardeux soient-ils, deviennent des matériaux qui définissent un espace et une situation. Ces événements vocaux (il s’agit toujours ici de voix) transforment notre perception du contexte dans lequel ils sont diffusés. Certains, in situ, nécessitent une attention particulière, car, quasi imperceptibles ou se confondant avec le bruit ambiant, ils peuvent tout aussi bien passer comme inaudibles ou inaperçus. D’autres, en vidéo, nous transportent aux confins du chant lyrique et du langage sifflé des bergers pyrénéens.

Whistling, breathing, onomatopoeias, purring: these sound events, though tenuous or left to chance, become materials defining a certain space and situation. These vocal events (it is always a voice) change our perception of the context in which they are broadcast. Some of the sounds, in situ, require our being particularly attentive because, as they are almost imperceptible or get mixed up with ambient sounds, might very well be inaudible or unperceived. Other video sounds take us to the limits of opera singing and of the whistled language of shepherds from the Pyrénées.

BM

À propos de Louise Ronk-Sengès

Cut-up

Huement

Lorsqu’un spectacle prend fin, c’est au tour du spectateur de s’exprimer, s’il l’entend, en applaudissant ou en huant. Détentrice d’un extrait de la fin d’un concert où l’un des spectateurs exprimait vivement son mécontentement, je me suis enregistrée rejouant cette partition de « hue », m’évertuant à lui redonner sa dimension pathétique. Le cri authentique resurgit alors, et demeure malgré tout plus fort et plus intense que ma propre interprétation de huée.

LRS

Elvire

Tout comme L’incarnation ronron, cette performance a une fonction de transition et
se situe dans le contexte de pièces s’enchaînant les unes après les autres.
Des portes s’ouvrent sur un espace. Une jeune femme qui me ressemble s’y trouve
seule, accoutrée à peu près de la même manière que moi.
Son attitude laisse penser qu’elle est là, au même titre que le spectateur, attendant
la suite. Une pièce sonore s’active alors et en effet, Elvire fait ne rien de plus qu’être là à écouter. Pourtant, peut-être que pendant un instant, le spectateur l’aura prise pour moi, ou se sera demandé si elle était là par hasard.

LRS

L’Incarnation ronron

Cette pièce sonore a souvent un statut de pièce transitoire, attirant le public d’un espace à un autre, d’une performance à une autre.
Alors qu’une performance située dans un autre espace s’achève, L’Incarnation ronron, s’active et entraîne le spectateur à retrouver sa source. En se rapprochant, l’origine de ce son retentissant, et appréhendé de manière acousmatique se précise : un ronronnement de chat amplifié et travaillé au montage pour mettre en valeur ses qualités musicales.

LRS

Sifflement pour 6 enceintes et 1 siffleuse

Déambulation d’une dizaine de minutes dans le grand hall de la Villa Arson. Mon sifflement, naturel et non amplifié, répond aux sifflements diffusés en différé sur six enceintes disposées sur plusieurs niveaux dans l’espace. La composition sonore glisse d’un registre de sifflement à l’autre, [...]LRS

Invocante

Une artiste lyrique est invitée à interpréter « Pace mi Dio », l’air de Leonora dans La Force du Destin, de Verdi, mais au lieu de nous faire entendre sa voix pleine, la bande-son ne nous donne qu’une articulation à blanc du phrasé, soit un jeu de souffles. Les mimiques expressives et dramatiques semblent alors restituer dans le registre de l’image quelque chose de la voix absente.
Au-delà de cette dualité image-son, un jeu de miroir s’opère à différents niveaux. C’est en effet dans le miroir que la chanteuse est filmée, tandis que l’image réelle de son dos nous apparaît au premier plan très floue. De même la bande-son commence-t-elle par une conversation familière entre la cantatrice et une autre personne hors-champ, cependant qu’à l’image celle-là est déjà en train de chanter en silence : prosaïsme contre lyrisme. A la toute fin seulement son masque tombe à nouveau, la chanteuse et comédienne esquisse un sourire et quitte la « scène » et son personnage de diva.

LRS

Née en 1990.
Vit et travaille à Paris.

louiseronksenges@gmail.com